Le Frais Regard, les récentes notes de lecture de Pierre Perrin

Le Frais Regard de Pierre Perrin
– les plus récents articles critiques en ligne –

René de Ceccatty, Le Soldat indien
éditions du Canoë, 2021, 168 pages, 15 €

couvertureSi le genre n’est pas précisé sur la couverture, c’est que ce volume offre un récit. « Un roman est, pour son auteur, l’occasion, en transférant des éléments autobiographiques dans ses personnages, de les revivre à travers eux. » Auteur d’une cinquantaine de livres remarquables, René de Ceccatty ne cherche pas à revivre, mais à se trouver. Il conduit l’aventure de sa recherche en trente-neuf chapitres souvent brefs. L’avant-propos consigne : « J’ai voulu l’aridité d’un récit qui ne cache ni ses manques ni ses difficultés à faire renaître un homme obscur. » Tunis où l’auteur fut enfant — Continuer la lecture



Paul Gadenne, Le long de la vie
carnets 1927-1937, préface de Didier Sarrou, éd. des instants, 2022, 496 pages

Né en 1907 et mort en 1956, Paul Gadenne a publié six romans de son vivant. De Siloé, 1941, à L’Invitation chez les Stirl, 1955, il a laissé une trace littéraire enviable. Une douzaine d’inédits ont paru depuis. L’intérêt des lecteurs n’a cessé de grandir. Les présents carnets sont inédits. Les éditions des instants, toutes récentes, offrent une belle édition, nonobstant l’absence de tiret demi-cadratin pour les incises.
Œuvre de jeunesse à part entière, ces sept carnets réunis s’apparentent à un bréviaire. À l’exception de quelques rares maladresses, naturelles chez un étudiant, tel l’accent sur le premier E de reparties ou « j’ai été au bois », l’écriture est parfaite. Cette parole d’encre d’un écrivain qui « éprouve, à tort ou à raison, le besoin, la démangeaison d’exprimer », ne se démode pas. Gadenne écrit au clair, en fin observateur, en fidèle de l’introspection. Il donne à peser les désirs, les émois, les fictions, les intentions qui le traversent. Il mêle la narration pure – de nombreuses pages constitueraient sans peine un recueil — Continuer la lecture


Claire Fourier, Le Jardin voluptueux
éditions du Canoë, 2022, 168 pages, 16 €

couverture« La femme ici dit ce qu’elle a vécu. » Elle achète une maison sur la côte de Bretagne. La friche appelle un jardinier. Passé la page 55, la maîtresse lui confie son intimité. « Soudain c’était là comme l’enfant qui vient de naître. » Les cent pages suivantes et dernières forment un hymne à l’amour – acte sexuel, sensations et sentiments. Elles figurent une action de grâces. Le langage exulte, car « il faut que la chair se fasse verbe ». La petite mort sert — Continuer la lecture


Catherine Dutigny, Carnets secrets du Boischaut
éd. Maurice Nadeau, 288 pages, 19 €

couvertureJe n’aurais jamais dû ouvrir ce livre. D’un polar, l’enquête élucidée, que reste-t-il à relire ? Rien, sauf que l’exception est ici totale. L’antépénultième paragraphe le confirme. « Le mystère peut souvent nous rendre plus heureux que de chercher à tout prix une vérité. » Ce livre offre un bonheur de lecture qui n’est pas courant.
Ces Carnets secrets du Boischaut livrent un univers campagnard, accessoirement berrichon, des bonheurs de langue – « un suaire de cendres » –, un humour de qualité et une vue de l’humanité sans concession. L’auteur, Catherine Dutigny, née à Paris en 1949, place en exergue une fusée de Baudelaire. « La superstition est le réservoir de toutes les vérités. » Ensuite, la composition est subtile et claire à la fois. Il s’agit d’une remontée dans le passé, comme on ouvre des tiroirs gigognes. L’auteur publie, pour ce livre, des — Continuer la lecture


Page précédente —  Imprimer cette page — Page suivante