Le Frais Regard, les récentes notes de lecture de Pierre Perrin

Le Frais Regard de Pierre Perrin
– les plus récents articles critiques en ligne –

Jean-François Mathé, Ainsi va
Rougerie, 80 pages, 13 €

Ce douzième titre chez Rougerie, Charente, leste l’œuvre de Jean-François Mathé qui compte encore cinq autres titres chez divers éditeurs. Lester relève d’une façon de parler, car cette œuvre ne manque pas de lest et le titre de la troisième partie aurait convenu au recueil entier, n’était le premier terme : « Miettes de mystères et d’évidences ».
Quelque sujet qu’aborde le poète — Continuer la lecture




Richard Millet, La Forteresse
autobiographie 1953-1973, Les Provinciales, 2022, 304 pages

« On n’écrit pas pour être aimé mais pour être jugé. » Millet, Journal I, 13 octobre 1981. Malgré soixante-dix titres publiés – qui occuperaient trois volumes de Pléiade –, cet écrivain s’est couvert d’opprobre, en 2012, pour un libelle de dix-sept pages. Il s’est aventuré à faire un « éloge littéraire » d’un Norvégien qui a tué huit compatriotes, le 22 juillet 2011, par une bombe posée devant le siège du gouvernement, à Oslo, puis, une heure plus tard, au fusil d’assaut, soixante-neuf jeunes travaillistes, sur une île proche, sans compter nombre de blessés.
Dès la quatrième ligne de son libelle, l’auteur désapprouve le crime. Il le redit plus avant, à plusieurs reprises. Il n’en considère pas moins que son héros, « loin d’incarner le Mal, s’est fait le truchement sacrificiel du mal qui ronge nos société tombées dans une horizontalité acéphale et trompeuse ». En clair, ce terroriste serait le produit de la décadence, d’un « multiculturalisme déchristianisé » [pléonasme] ; et son crime… — Continuer la lecture


Sabine Huynh, Elvis à la radio
Maurice nadeau, 2022, 304 pages, 22 €

couverture« Je ne connais absolument rien à la musique. Pour ce que je fais, je n’en ai pas besoin. » Nonobstant ce trait d’Elvis Presley, la page de titre surfile la mention « roman ». Bien que la narratrice joue de la première et de la troisième personnes, jusque dans une même phrase, l’auteur cantonne son texte au terme de récit. Elle a raison. Elle crée moins de personnages qu’elle ne ressuscite sa mémoire. Elle est née début septembre 1972 à Saïgon ; mi-décembre de la même année, sa naissance est enregistrée à l’état civil français. L’éditeur aurait pu lui éviter quelques scories [naître qu’une seule fois ; voir la mer pour la première fois de sa vie ; image engloutie qui refait surface ; plaquée dessus ; elle n’a pas pied, mais pas peur non plus ; répartie, accent sur le premier e, comme pour répartir ; atteste de ; voire même]. Accessoirement, Sabine Huynh écrit avoir… — Continuer la lecture


Alain Duault, Car la douceur de vivre est périssable
poèmes, Gallimard, 2022, 112 pages, 13,50 €

Le titre de ce douzième recueil, chez Gallimard, offrirait-il un regard crépusculaire ? Le premier vers interroge : « Mais quels seront pour moi les derniers bruits du monde ? » Il ne faut se confier qu’à demi à cette pente de lecture. Le ton reste alerte ; le regard, plein de vie. Si les poèmes d’Alain Duault chantent et célèbrent la femme avec ampleur, ils envisagent aussi le monde, à se demander si ce dernier s’achève ou recommence. « Ils errent immobiles dans des ténèbres égorgées. » L’auteur – par ailleurs romancier, avec le récent Une femme de feu, le roman de la Malibran, qu’on croirait apocryphe, tant le choix d’écriture rappelle un XVIIIème siècle éclairé, paru en 2021 ; l’auteur dont un volume en poésie/Gallimard réunit cinq recueils sous le titre Où vont nos nuits perdues, préfacé par Xavier Darcos – est connu pour le soin qu’il apporte à la forme. Les vers ont chacun… — Continuer la lecture


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