Le Frais Regard, les récentes notes de lecture de Pierre Perrin

Le Frais Regard de Pierre Perrin
– les plus récents articles critiques en ligne –

Carole Zalberg, Où vivre
roman, Grasset, 2018, 140 pages, 16 €

Carole Zalberg

Où vivre est un roman déchiré ; il ouvre sur les perceptions d’un grand blessé à l’hôpital. « Compter ses os en silence, le corps cloué en croix sur un lit raide » en constitue la première phrase. Qui se rassemble autour d’un grand blessé ? La famille, évidemment ; mais dans le monde moderne, elle est éclatée. La structure qui s’ensuit applique cette logique des éclats. Une difficulté pour le lecteur se noue dans les premières pages ; elle demande à rattacher les fils. À qui pense et surtout parle le narrateur initial ? Le tutoiement implique une familiarité ; mais comment comprendre d’emblée, partager une phrase telle que : « Ta mère continue de répéter Noam ? Noam ? et ce n’est plus un appel », etc. Qu’on se rassure ! L’effort demandé est bientôt récompensé. « Tu demeures dans une impuissance pâteuse, tout emmaillotée de paroles et… — Continuer la lecture


Éric Poindron, Comment vivre en poète
Le Castor astral, 2019, 144 pages, 15 €

Éric Poindron

Qui ferait partie des empêcheurs de dictionnaire à l’adresse de la poésie ? Qu’on y songe ! Un mot n’a de sens que celui qu’on lui donne. Un dictionnaire n’est pas un cimetière mais un eldorado. Privé de définition, un mot agonise et l’idée qu’il porte se meurt. « Je n’ai aucune espèce d’idée de ce que peut être la poésie », consigne Éric Poindron. Mais une telle coquetterie lui permet d’ouvrir la porte à son kaléidoscope personnel. La poésie, écrit-il, est « une princesse folle, une neige blanche, un mystère qui ne tient pas en place » et surtout, le poète reste « un apprenti » occupé à « lire des silences et raturer des vides ». En trois cents questions mi-badines… — Continuer la lecture


Jacques Réda, Rythme, chaos, mythologies
Gallimard, 2018, 136 pages, 20 €

Jacques Réda

Soixante-dizième ouvrage de notre plus grand poète vivant – né en 1929, peu après Jaccottet juché déjà dans sa Pléiade –, ce cinquième tome de La Physique amusante retient, hélas, peu de critiques. À ce jour, presque trois mois après parution, il semble que seul Jean-Paul Gavard-Perret lui ait accordé un écho. On peut lire en ligne, dans Le Salon littéraire, son assassinat en marche dès la première phrase. « Les cinq tomes de La physique amusante me font tomber de sommeil. » Toute la suite de la note révèle un malentendu, entre le critique et son… — Continuer la lecture


Murielle Compère-Demarcy, L’Oiseau invisible du Temps
éditions Henry, 2018, 112 pages, 8 €

MCDM

Ce volume de la collection « La main aux poètes » de petit format [10,5 x 15 cm], à la couverture peut-être un peu trop rigide pour une impatiente saisie, offre à lire le monde tendrement cruel de Murielle Compère-Demarcy. Sous le titre : « Attention poésie fraîche traces indélébiles », elle offre ce portrait : « Personne ne la comprenait, mais personne n’avait cherché à la comprendre. Sa présence traversait des paysages de transparence et des isolements, comme des zones de nuages passent sans qu’on s’en soucie vraiment, forment un jour, d’un corps, des blocs indivisibles de glace, sans que l’on sache comment. Le peigne des peupliers balançait… — Continuer la lecture




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