Le Frais Regard, les récentes notes de lecture de Pierre Perrin

Le Frais Regard de Pierre Perrin
– les plus récents articles critiques en ligne –

Patrick Grainville, Falaise des fous
Seuil, 2018 [repris en poche Points/Seuil, 8 € 90]

GrainvillePatrick Grainville est un Académicien Français de fraîche date, riche de vingt-six romans parus à l’enseigne des Flamboyants (celui-là lui a valu le Goncourt à 29 ans). Patrick Grainville, c’est le Versailles moderne de la littérature. Ce roman qu’il qualifie de Mémoires rutile de jets de langue comme autant de jets d’eaux ; de la féérie ; des batailles linguales plus somptueuses que des batailles navales ; et tout aussi bien la simplicité la plus solennelle, sans oublier la vie toujours, sans coup férir. Dès le départ : « La vie est vaste… quoique assez courte désormais » ouvre et clôt un paragraphe. La page suivante consigne : « Mourir sur le motif, comme Molière ! » Je dégustais ce grand cru quand… — Continuer la lecture


Didier Pobel, Tous les chagrins porteurs de lance
nouvelles, Le Temps qu’il fait, 2019, 112 pages, 15 €

Didier PobelTreizième ouvrage de Didier Pobel, Tous les chagrins porteurs de lance emprunte son titre à un vers d’Armen Lubin, pseudonyme de Chahnour Kerestedjian, né le 3 août 1903 à Üsküdar (district de Constantinople) et mort le 20 août 1974 à Saint-Raphaël, un écrivain et poète français d’origine arménienne. Ce vers offre un écho à celui qui le précède : « Tous les chagrins s’appellent absence » qui éclaire à ravir les dix-neuf histoires ici assemblées. Le vers qui donne son titre est sans doute repris de Le Passager clandestin… — Continuer la lecture


Stéphanie Dupays, Comme elle l’imagine
Mercure de France, 2019, 160 pages, 16 €

Stéphanie DupaysC’est un roman tout intime d’une « maîtresse de conférence sans enfants » sortie d’un mariage de dix ans où l’affection s’était usée. Une femme d’une petite quarantaine d’années, spécialiste de Flaubert et pro de Proust, s’éprend d’un Vincent rarement sur Paris et peu pressé de la rencontrer physiquement. Importe par-dessus tout « cette angoisse délicieuse de l’attente ». Importe « une idée façonnée à l’image exacte de son désir »… On songe dans les marges à De l’amour de Stendhal ; les analyses psychologiques de Stéphanie… — Continuer la lecture


Ariane Bois, L’Île aux enfants
éditions Belfond, 2019, 228 pages, 19 €

Ariane BoisUn matin de 1963, Pauline, six ans, et sa petite sœur Clémence sont kidnappées sur une route de l’île de la Réunion. Elles laissent derrière elles deux petits frères et leurs parents. Après une dizaine de jours passés dans un foyer, elles sont embarquées dans un avion pour la métropole. Neuf mille kilomètres les déchirent et les écartent de leur enfance, pour jamais. À la trentième page du roman, à Guéret dans la Creuse, elles sont séparées sans ménagement. Surgit la première de toute une batterie d’émotions. Je n’en avais pas éprouvé d’aussi redoutables depuis Génie la folle d’Inès Cagnati réédité voilà trois ans chez Denoël où les larmes sont aussi… — Continuer la lecture




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