Claire Fourier, Le Jardin voluptueux, éditions du Canoë, 2022, 168 pages, 16 €

Claire Fourier, Le Jardin voluptueux
éditions du Canoë, 2022, 168 pages, 16 €

couverture« La femme ici dit ce qu’elle a vécu. » Elle achète une maison sur la côte de Bretagne. La friche appelle un jardinier. Passé la page 55, la maîtresse lui confie son intimité. « Soudain c’était là comme l’enfant qui vient de naître. » Les cent pages suivantes et dernières forment un hymne à l’amour – acte sexuel, sensations et sentiments. Elles figurent une action de grâces. Le langage exulte, car « il faut que la chair se fasse verbe ». La petite mort sert « à se sentir immortel – de temps en temps ». Claire Fourier n’accorde pas son adjectif au féminin. Elle évoque l’état second, le besoin de se sentir un quand on est deux, l’attention portée à l’autre. « Chacun pensait au plaisir de l’autre plus encore qu’au sien. » Elle soutient que « le péché d’Adam est la grâce même ». Absente, elle écrit de longues lettres à son amant. Une conviction la soulève : « Tu as ouvert en moi un vide qui me comble […] Reviens me porter l’estoc, que je sois une petite chose toute molle, une pelote de chair que tu manipules. » Alleluia. La langue chante, sous la plume de Claire Fourier.




Pierre Perrin, note du 21 mai 2022


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